votre visite la plus galère

Ce matin un des guides que j'emploie m'a téléphoné pour me raconter une déconvenue qu'il avait eu avec un de mes clients et ça m'a fait pensé à une situation similaire que j'avais vécue pendant que j'étais encore sur le terrain.
J'imagine que des galères vous devez bien en rencontrer de temps en temps.
Pour ma part, je travaillais à l'époque pour l'Abbatiale de Saint Gilles dans le Gard et ce jour-là un "historien" faisait parti de la visite, et avait voulu complètement prendre ma place, afin d'attirer "l'attention" sur sa petite personne... Perso, j'avais décidé de le laisser faire quelques minutes, parce qu'une personne férue d'histoire et d'histoire de l'art peut connaître un tas de choses, l'âme du site et les particularités du lieu ne peuvent être détenus (enfin c'est ce que je pense) que par le guide qui y travaille. Ca n'a pas duré longtemps, il a fini par se trouver coincer sur des éléments architecturaux du tympan. Et je l'ai gentillement remis à sa place, il n'a ensuite plus repris la parole.
C'est vrai que l'on ne sait jamais à quoi s'attendre, d'autant que certains clients deviennent vraiment incorrects...
Pour les plus anciens guides, j'imagine que vous avez vu évolué les comportements des clients au cours des visites?
Et vous comment gérez vous vos galères?

Perso je n'ai jamais trop eu ce problème; bon il y a fréquemment comme ça quelqu'un qui va vouloir se faire mousser, montrer sa culture etc... de deux choses l'une, soit on trouve la personne pertinente/agréable par ailleurs et on s'en fait un allié, discutant à droite ou à gauche de tel ou tel point, et la visite continue en général sans problème et dans la bonne humeur; soit la personne (plus souvent des hommes d'ailleurs) n'est vraiment là que pour faire le malin et là en général c'est rapide, à la première occasion (qui arrive vite avec ce type de personnage) je le coince sur un point le plus général possible en matière d'histoire et d'histoire de l'art.
Le tout est d'arriver à bien s'imposer, à donner l'impression à son public que l'on maîtrise parfaitement son sujet et au-delà (que ce soit par ailleurs vrai ou non, on n'est pas omniscient non plus).

Certains apparemment sont plus directs et proposent carrément à la personne de faire la visite à leur place; il paraît que c'est efficace mais je n'aime pas du tout cette méthode qui ne peut pas manquer de jeter un froid dans le groupe et c'est toujours plus sympa de garder un contact chaleureux avec tout le monde.

Un souvenir : une visite de nuit en février, guidant un groupe d'assureurs en séminaire, avec une pente à descendre par temps de verglas. J'ai passé la visite à craindre une chute et le procès qui s'ensuivrait... heureusement pas une chute !

Ma visite la plus galère, une des plus galères en tout cas, cela devait être en 2005, au château de Tournoel ou nous avions créé avec le caissier et une collègue guide des visites aux chandelles que nous animions en duo (il faut savoir que Tournoel est un incroyable Chateau féodal conserve dans son jus). Grâce au boulot de Jeff (ledit caissier) et au bouche a oreille, le concept ayant apparemment beaucoup plu, on s'est retrouves un soir avec 160 personnes!!! (la capacité d'accueil est d'habitude de 50 a 70...) le château étant a la fois vaste et étroit (un authentique château fort). Au départ on était complètement paniques, finalement on s'en est tire mais on a rame a caser tout le monde (heureusement la grand'salle est immense et la cour d'honneur raisonnable). Le plus dur a été de passer de pièce en pièce et de gérer pour les petites salles... Heureusement nous étions deux, ça nous a sauves. Mais cette visite-la je m'en souviendrai longtemps!

J'ai eu moi aussi ce genre de galère dans un Château de ma région (Château de Joux), avec une visite de près de 70 personnes, car en été, le nombre de visiteurs est incroyable et la caissière n'avait pas compté le nombre de billet qu'elle vendait... Pour finir, il y avait plus de 150 personnes qui attendait la visite, et avec ma collègue on a du scinder le groupe en deux avec quand même chacune près de 70 personnes...Une véritable horreur pour moi, et pour les visiteurs.

Dans la série poisse aussi, lorsque j'étais stagiaire pour le DGIN, cela faisait 1 journée que je venais de rentrer en stage, je ne connaissais pas encore la visite, j'étais encore en train de suivre les différents guides du site pour me familiariser, et le guide spécialiste des visite en anglais tombe malade. Le lendemain était prévu plusieurs visite en anglais pour un TO, donc impossibles à annuler, et j'ai du me lancer à faire ces visites en anglais (je connaissais déjà très mal le site en français !!!), un véritable moment de panique... Finalement ça s'est à peu près bien passé, mais la montée d'adrénaline était là lol

Ma pauvre....ça a pas dû être simple.
Moi, j'ai eu plusieurs cas surtout à Moissac...

Premier cas : j'ai dit que les cloîtres étaient carrés ou rectangulaires tendant vers le carré. Eh bien j'ai un des touristes qui avait pas bien entendu et il a compté le nombre de colonnes pour me dire : 'il y a plus de colonnes de ce côté donc blabla votre théorie ne tient pas'.......En gros la guide dit n'importe quoi...c'est ce qu'il sous entendait. J'ai juste répété ce que j'avais dit la première fois..
Il a refait la même chose pour les chapiteaux : 'mais les chapiteaux ne sont pas tous en calcaire comme vous l'aviez dit' ...effectivement il y en a 3 sur 76 qui ont un tailloir en marbre. Euh comment dire ce n'est pas essentiel donc bon là encore il aurait mieux fait de ce taire.

Deuxième fois à Moissac encore, un touriste m'a carrément contredit. Il avait en plus la malpolitesse de lire le guide du cloître pendant ma visite...Style je vérifie ce que tu dis ma cocotte vu que tu as l'air un jeune ..
Ah lala qu'est ce que cela m'a mise en colère. Je n'ai rien dit sauf quand il a commencé à hôcher la tête après mon explication sur un chapiteaux. Je lui ai carrément dit 'vous voulez vérifier ?'
Le thème religieux est difficile car selon les croyances, il porte à polémique mais il m'a mise vraiment mal à l'aise car il disait qu'on informait mal les tourites..

Faut s'attendre à tout ....

J'ai un très profond mépris pour ce genre de personne. Je crois pas avoir jamais eu le cas en visite, mais en-dehors il m'est arrive fréquemment de devoir mettre les points sur les i a des visiteurs qui ne voulaient pas démordre de telle ou telle absurdité qu'ils avaient lue dans une publication quelconque (concernant St Brisson, le peu de publications existantes sont a hurler, soit de rire, soit d'horreur tellement ce qu'on y lit est grotesque) ou entendu raconter par telle ou telle personne "erudite". Mais les cas de gens avec le guide en mains, jamais... Il faudrait a vrai dire qu'un tel guide existât, pour St Brisson comme pour Tournoel!

Attention cependant,tous les visiteurs avec un guide touristique en main ne sont pas forcément malpolis et imbus de leurs personnes.
Il m'est arrivé de faire une visite au cours de laquelle,j'ai vu quelqu'un suivre ma visite avec un livre ouvert.J'ai tout d'abord pensé à quelqu'un de malpoli,mais il s'est avéré en fait que la personne était tout simplement sourde...
Il peut par ailleurs s'agir également de personnes comprenant mal la langue dans laquelle est conduite la visite (touristes étrangers,etc).
Personellement,je ne prête pas trop attention à ce genre de choses,et celà ne me dérange pas dans la mesure ou bien évidemment cette personne ne vient pas me contredire en disant "mais dans mon bouquin,il y a écrit ça....et vous dites autre chose".Ce dernier cas m'étant arrivé au cours d'une visite d'une église,j'ai répondu que "Les historiens avaient plusieurs hypothèses,et l'hypothèse que j'ai présentée était celle que je considérais comme la plus vraisemblable,mais que la discussion était ouverte parmi les spécialistes",et je lui ai demandé s'il était peut-être lui-même historien.Il m'a répondu de manière évasive qu'il s'intéressait à l'histoire,et n'a plus ouvert la parole au cours de la suite de la visite...
Un de mes collègues prend les devants et dit d'emblée avant les explications "selon les livres,il y a plusieurs explications,je vous livre la plus communément acceptée".
Celà dit,il faut quand même relativiser,et la majorité des visites se déroule sans anicroche.Mais,dans une carrière de guide,ça arrive de temps en temps.

Oui je comprend très bien que certaines le fasse parce qu'elles sont sourdes ou autres choses. Il ne faut pas voir le mal partout mais dans mon cas, franchement, je ne le ressentais pas comme cela du tout. Il s'agissait du guide répertoriant toute l'histoire du cloître et de l'abbatiale. En fait il m'a contredit à cause de la façon dont j'interprété une représentation or je ne la sortais pas de 'closer'. Elle était fondée bien sûr. Toutefois dans le domaine religieux, il faut être prudent et se montrer ouvert aux diverses opinions, croyances.
Ce que je n'aimais pas c'est plutôt qu'il dise qu'on informait mal le public. Certes c'est son opinion mais on sait faire nos recherches convenablement aussi.

Mais globalement je suis d'accord les visites se passent bien...et heureusement. C'est un vrai plaisir parfois

Absolument, les cas de gens désagréables sont rares, j'en ai croise quelques uns en une dizaine d'années mais ils doivent tout de même se compter guère plus que sur les doigts d'une seule main. Après, étant le seul spécialiste du site de St Brisson (45) et pratiquement le seul (une collègue vient de finir son master2 dessus, j'ai hâte de lire ça!) sur Tournoel (63), les dernières publications sérieuses au sujet de ce château remontant aux années 1930, j'ai très rarement eu le cas de personne les ayant lues. Cependant j'aime beaucoup la discussion et quand il y a débat sur un point je suis toujours content de confronter mon interpretation a celle d'une autre personne avisée, ça peut s'avérer extrêmement intéressant, ainsi d'ailleurs que des remarques toutes bêtes et innocentes des jeûnes enfants en visite qui vous ramènent parfois a des interrogations tellement élémentaires qu'on avait pas pris la peine soi-même de les formuler, et tout a coup quelque chose vous saute aux yeux qui était sous votre nez depuis toujours mais que l'habitude vous faisait négliger, ça c'est passionnant!

Oui moi aussi je veux bien discuter je ne demande que ça
il est même arrivé que j'apprenne moi-même des choses grâce aux touristes pendant mes visites. Cela ne me dérange pas et cela me plaît bien aussi

C'est a mon avis une des grandes richesses de notre métier, ce contact, cet echange avec le public, ces rencontres de tous les jours. J'adore ça personnellement. Et c'est génial avec tous les publics. Je vois a St Brisson, château très important autrefois mais peu connu aujourd'hui car, bien que premier château de la Loire, il est propriété d'une petite commune aux moyens forcément limites bien que très volontariste, nous avons un public soit local, soit scolaire grâce a nos tarifs attractifs et a notre offre culturelle qui ne l'est pas moins, soit de touristes un peu curieux ou d'amateurs franchement avertis. En somme nous touchons encore (je parle pour le château et non les démonstrations de tir de machines de guerre médiévales) peu le très grand public (type vacancier un peu cultureux mais vraiment pas trop, genre un jour St Brisson, un jour parc Asterix). On a donc la en majorité des gens souvent d'un certain niveau, qu'un château meuble en visite guidée obligatoire ne rebute pas, donc on est majoritairement dans une petite bulle de cultureux a des degrés plus ou moins importants.

En revanche, a Tournoel, sans doute le plus extraordinaire de tous les châteaux forts d'Auvergne, nous avons a faire davantage a un tourisme de masse type parc Asterix.
Bien que ce public ait le choix sans distingo de prix entre visite libre et guidée, une grosse partie choisir la VG, parfois, souvent avec appréhension, rassures quand on leur dit qu'ils sont libres de la quitter quand bon leur semble.

Eh bien perso je n'ai presque jamais eu a déplorer quelque départ que ce soit dans mes groupes, et ce malgré la longueur relative de mes visites (1h minimum).
Mieux: tout en restant le plus ludique le plus drôle, mais toujours le plus vrai possible, en faisant de la visite un vrai moment de detente voire d'amusement culturel, chose qui impose au guide de se mettre un peu en scène (mais avec un tel décor, il n'y a pas ni difficulté ni mérite a susciter l'imagination des grands comme des petits) on peut très joyeusement faire de sa visite un petit cours illustre d'histoire et d'histoire de l'art, et tordre au passage le cou a nombre de cliches sans avoir besoin d'insister et sans barber son public, pourtant pas toujours réceptif a la base. Et quand une visite avec de vrais touristes a marche comme ça, quand même au bout d'une heure ou plus les enfants sortent aussi contents que les parents, la on a vraiment une grande satisfaction!
Avoir fait de la banalisation scientifique sans concession au folklore, avec juste un peu d'imagination et d'humour.

Autant le public avise nous apporte par le débat ou quelques retours d'expériences post-visite, autant le grand public, le vrai, celui du tourisme de masse, nous oblige a nous dépasser sans nous renier et a toujours nous améliorer pour demeurer accessible et transmettre nos savoir et notre passion.
Tous les publics nous apportent quelque chose et ça c'est vraiment génial!

Une année il y a eu une erreur d'impression dans un guide et au lieu d'écrire débarquement de Napoléon à Golfe Juan le 1er mars 1815, il était écrit "1er mars 1915"
Et une client m'a soutenue mordicus que je disais n'importe quoi et que puisque c'était écrit c'était vrai !
Il a fallu que je m'arrête devant la stèle pour lui montrer son erreur, bien que j'ai essayé en vain de lui dire que pendant la 1ere guerre mondiale Napoléon était mort depuis belles lurettes !!!!!

Je me souviens d'un américaine il y a quelques années. J'expliquais que les romains étaient venus dans le département "1 century B.C." A l'arrêt du bus, elle vient me voir, ébahie en me disant " I didn't know the romans were here 1 century Before Colombus"
Je suis restée muette sur le moment et pas démonte, je lui ai répondue "Yes Madam !"
Qu'est ce que je pouvais dire d'autre ?????


D'ailleurs je songe parfois à collecter toutes les annecdotes pour en faire un de ces jours un bouquin !

alors puisqu'on part carrément sur l'absurde... Il y a quelques années, en 2005 peut-etre bien, j'étais au château de Tournoel, dans le Puy-de-Dome, au-dessus de Volvic, et j'avais pour habitude de commencer la visite du site perche en haut d'un dyke volcanique par un topo géographique pour bien que les visiteurs se situent dans le paysage et situent les sites naturels et historiques environnant comme le plateau de Gergovie 30km au Sud.

Après mon topo, une dame, la quarantaine, me prend a part et me dit: "Mais le Pic du Midi, ou est-ce qu'il se rouge par rapport a nous?"

La question était tellement inattendue que d'abord j'ai souri sans comprendre, croyant a une boutade; mais devant le visage très sérieux de la d'âme je lui fais répéter; et la elle me dit "Oui parce qu'on l'a vu en venant".
De plus en plus interloque je lui demande si c'est du haut du Puy de Dome qu'elle m'a aperçu (on voit les Alpes par temps dégage, alors pourquoi pas les Pyrenees même si j'étais perplexe). La elle me dit "Non non, on l'a vu depuis la route en venant de Paris avec son antenne!

... Et la tout a coup je vis un grand moment de solitude car je comprends a cet instant que ce qu'elle a pris pour le Pic du Midi n'est autre que le Puy de Dome, emblème et eponyme du departement dans lequel elle vient passer ses vacances!

Que voulez-vous dire après ça?

(depuis Tournoel, dont la vue porte a 100km par temps clair, le Puy de Dome, situe au Sud sur sa droite, est un des seuls éléments du paysage invisibles car masque par un volcan voisin, le Puy de la Banniere, qui lui fait écran)

Ah oui! Dernier détail: elle me sort cette énormité a moi, fils d'un agrége de Geographie et petit-fils de Pierre Estienne, professeur agrége de geographie a l'université Blaise Pascal, Clermont II, dont les ouvrages font encore autorité (programme Capes/agreg) 15 ans après sa disparition... What else?



Avec des questions de ce genre j'en viens a penser que certains visiteurs veulent ma mort!

Virginie nous a conté la chose suivante:

Citation :

Je me souviens d'un américaine il y a quelques
années. J'expliquais que les romains étaient venus dans le département
"1 century B.C." A l'arrêt du bus, elle vient me voir, ébahie en me
disant " I didn't know the romans were here 1 century Before Colombus"
Je suis restée muette sur le moment et pas démonte, je lui ai répondue "Yes Madam !"

Trop drôle ;o))))

Oui, c'est vrai que c'est bon. Mais le niveau de culture générale de certaines personnes m'inquiète un peu quand même...

Hier encore une américaine (décidément !) dans un tour à pied du Vieux Nice, elle me demande : "Are you dirty people ?"
Moi : "What ? "
Elle : "There are no laundrymat, you never wash your clothes ?"
Moi : " We are so rich thant we wear them one time, and then we throw them away !"

Viriginie ou l'art de la répartie... mdr, excellente réponse !

Excellent!

;o)) ah et ben sont décidément bizarres ces américains ;o)

Coucou !!!

Je suis de retour (désolée pour mon infidélité ;o)) et je vois qu'on ne s'ennuie pas ici...

J'ai bien aimé chacune de tes réponses Virginie à ces américaines, qui auraient pu te décontenancer tellement c'est gros... Mais non, toujours dans le ton !!!

En tout cas, moi j'ai bien rigolé ! Merci

Cette anecdote ne m'est pas arrivée mais racontée par une collègue au château de Versailles après une visite faite à un groupe d'Américains.
Une des dames demande "All that is very interesting,but who ist the King of France in 2009?"
No comment....

Bouh, tout ça ne donne pas une très bonne image de nos amis d'outre-Atlantique ! Mais c'est quand même très drôle...

Allez au tour des Français, c'est vrai que nous aussi nous avons tendance à nous croire mieux que les autres !

Ma première visite : une visite de souterrains médiévaux, creusés dans la craie... un monument intéressant, en fait un vrai labyrinthe, mais sur lequel il y a peu de texte et - c'est une carrière - peu de chose à dire de plus. Mais comme ce sont des souterrains, cela attire en plus des visiteurs traditionnels et des curieux, une bonne proportion d'illuminés !

J'avais un petit groupe hétérogène et j'entendais quelqu'un derrière qui parlait... en fait il refaisait la visite pour sa famille...
A un moment j'entends " tu devrais le dire à la guide, tonton, elle connais rien !"
Evidemment mon sang ne fait qu'un tour mais je continue comme si de rien n'étais, les autres familles s'en fichant (elles devaient avoir de la jugeotte et ne pas tenir compte des co... euh des bêtises que disait tonton).
Au bout d'un moment, tonton passe en avant du groupe et me dit : " Ah, mais pendant les famines, les gens venaient dans les souterrains et ils grattaient la terre et la mangeait : c'est pour cela qu'il y a des traces de doigts!"
(j'en ris rien qu'en y repensant)
et ajoute " je connais bien les souterrain car je connais Hildegarde Lenquiquineuse (nom masqué évidemment) qui les faisait visiter avant".
Alors: Hildegarde, c'était la barjot de l'office de tourisme de la ville avant qu'ils ne recrutent un vrai directeur (qui était bien celui-là, sévère mais juste) et qu'ils ne recrutent des vrais guides. D'où l'importance d'avoir des professionnels car on voit bien les dégâts que peut causer un amateur...
Et moi de lui répondre sur un ton aimable et cordial (ma maîtrise de moi-même me surprends parfois) "Ah la la, monsieur! Mais moi j'ai passé un examen pour devenir guide, je fais des études supérieures d'histoire et - comprenez vous- je ne peux pas me permettre de raconter n'importe quoi !"
Du coup tonton repart au fond du groupe et continue son petit show.
La visite finie, il veut en rajouter une couche (j'avais été trop aimable, il n'avait pas compris que ma réponse sous-entendait "vous racontez des co.. des bêtises") en voulant m'expliquer mon travail et ce que je devais dire en visite (on croit rêver !).
J'allais l'envoyer promener quand j'entends son neveu chéri dire "aller tonton, on va voir le spectacle des aigles" (qu'ils avaient déjà payé parce que j'avais vu la billeterie). Je savais qu'il fallait 30 min à pied pour aller jusqu'au lieu de spectacle, j'ai donc décidé d'écouter ce qu'il avait à dire - ou du moins de faire semblant - et de le relancer au besoin... Et tonton était très content de montrer combien il était plus intelligent que moi... Tellement intelligent que -oups! - à l'heure du début du spectacle, toute la famille était encore à attendre qu'il ait fini de me raconter ses histoires abracadabrantesques. Je ne pense pas qu'ils en aient vu grand chose...
Finalement, le plus intelligent des deux n'était peut-être pas celui qui croyait l'être, parce que payer 6 places de spectacle pour rien - pardon, pour essayer de faire croire à quelqu'une qu'on connait mieux son métier qu'elle - c'est un peu cher !
Après cette visite j'étais tranquille : j'étais sûre de pouvoir affonter n'importe quel illuminé...

Une autre fois, je vous en raconterai une bien bonne avec un groupe de personnes âgées