Lois de la disponibilité et de l'indisponibilité

Dans les métiers du guidage, s'il est vrai que l'adaptabilité est le maître-mot de nos activités, un second lui emboîte le pas et le conditionne même.

Il s'agit de la disponibilité, dont le corolaire, l'indisponibilité n'est pas loin.

Dans nos professions on nous demande donc d'être disponibles pour pouvoir nous adapter à la demande d'un tel ou d'un autre. Nous devons pouvoir être là pour répondre au moment X, qui est crucial pour l'employeur, à sa demande.
Nous devons donc en quelque sorte pouvoir être capables d'hypothéquer notre temps, notre capital temps/ressources, afin de pouvoir assurer une prestation. Et quand cette dernière ne vient pas nous devons pouvoir l'attendre quand même...

L'employeur pourra nous faire sentir que cette disponibilité, cette capacité à répondre au pied levé est une bonne chose. cependant cela ne nous nourrit pas plus d'être prêt à décoller à la moindre demande, la rémunération ne dépendant pas de la bonne volonté, mais de l'heure travaillée...

On peut même dire que parfois l'adaptabilité nous amène à des choses incongrues: le jour où l'on ne peut pas répondre, on se fait reprocher cette indisposition...

Nous devons donc restés mobilisés dans l'hypothèse d'activités -qui n'auront pas forcément lieu- et donc investir dans du vide. Nous devons être là pour ceux qui investissent en nous -ou plutôt à travers nous- et assurer pour eux, sans qu'eux ne puissent ne nous assurer de quoi que ce soit.

Là est le cruel inconfort: sentir que l'on vous reproche votre indisponibilité ponctuelle alors que cette disponibilité aveugle ne vous fait pas vivre.

Dans ce cas là on peut aisément parler de cercle vicieux...

Je te trouve très philosophe ce soir, mon petit Olivier !

Peut-être la peur de ne pas savoir de quoi se ra fait demain, encore une fois ;o) mais bon demain ça ira mieux ;o)

Ne pas savoir de quoi demain sera fait n'est pas inhérant qu'à notre profession dans les temps actuels !

Un de mes amis vient d'être licencié après 20 ans dans la même boite !

Allez positive le soleil brille et il fait bon !


Zut j'avais oublié que tu es Ô Nord ! Bon ben je t'envois un rayon de soleil !

Eh bien, Olivier, je suis comme toi, je trouve que l'épée de Damoclès qui pèse au-dessus de nos têtes est bien lourde parfois !!!

J'explique pourquoi en vous donnant un exemple très récent :

Je reçois le mail d'une collègue, à laquelle j'avais spécifié que je serais dipo en fin d'année pour travailler du 26 décembre au 1er janvier inclus (2 séjours de 3 jours à Paris, avec une coupure d'1 jour entre les 2). Et ce, avec l'idée de passer Noël en famille.

Elle m'indique que la direction donnerait le travail en priorité au / à la guide qui accepterait de faire les 3 missions, incluant la 1ère qui va du 23 au 25 au soir.

Nous étions 2 à avoir émis l'idée de faire les 2 dernières vacations. Elle me dit que j'étais la 1ère, donc elle voulait me contacter en premier. Me sentant "prise au piège" (peut-être ai-je tort et dois-je m'estimer heureuse d'avoir la perspective de bosser 9 jours à cette saison surtout par les temps qui courent ?), j'ai accepté (verbalement seulement, cela dit, les contrats n'étant pas encore rédigés)...

Qu'en pensez-vous ?

Je trouve que, comme nous sommes plusieurs guides dans cette agence, la hiérarchie pourrait même proposer à 3 guides différents chacun l'une de ces missions...

J'aimerais avoir vos points de vue, car je me pose beaucoup de questions sur ce sujet !!!

Alors, et vous, dispo - pas dispo à la période des fêtes ???

PS : et Virginie, tu as raison aussi, on est bien peu de choses, parfois, on nous prend, puis on nous jette comme des Kleenex (quel que soit le secteur dans lequel on travaille) !!!

Disponibilités / indisponibilités = cercle vicieux, en effet... Mais pas irrémédiable pour autant.

Nous sommes "soumis" au bon vouloir des agences qui nous emploient, certes. Que le client ait ses exigences, c'est normal (c'est lui qui paie). Maintenant que le guide qui arrive en bout de chaîne se retrouve dans une situation ingérable qui lui gâche la vie pour un maigre salaire, c'est désolant, c'est souvent, mais on peut s'en sortir !

C'est vrai qu'on est facilement tenté de se rendre disponible au maximum en se disant que ça permet de nouer de bonnes relations, que ça va nous faire travailler, qu'on aura plus de visites... tout cela est potentiellement vrai. Mais pour autant, ce n'est pas une raison pour se laisser marcher sur les pieds !

Disponible : oui. Servile : non. Le temps de l'esclavage est révolu. Si tu veux te faire respecter de tes clients, pose des limites claires et fermes. Le plus dur, c'est de s'y tenir et de dire non la première fois. Après c'est plus facile. N'aie crainte et ose refuser une prestation. Le client/l'agence/l'employeur ne sera peut-être pas content, mais pour autant, si tu es un/e bon/ne guide, il te rappellera la prochaine fois. Ou il se pliera à tes conditions... Et s'il ne rappelle pas, hé bien... tant pis ! Un client de perdu, ce n'est pas la fin du monde !

A mon sens, il faut savoir "éduquer" le client en lui posant les limites qu'il ne doit pas franchir. Un guide n'est pas de la main-d'œuvre corvéable à merci. Certains clients essaient... Certains guides acceptent des conditions inacceptables et s'engagent dans une prestation qu'ils n'ont, au final, pas la motivation de faire (autre que purement financière). Nécessité fait loi, me direz-vous et je suis parfaitement d'accord. Mais accepter tout et n'importe quoi dessert tout autant le guide qui accepte, le visiteur qui reçoit une prestation pour laquelle le guide n'est pas forcément à 100 % de ses capacités, que la profession dans son ensemble. Bien sûr qu'il y aura toujours des collègues avec moins de scrupules ou moins de contraintes pour accepter des conditions discutables ! Mais est-ce que ça en vaut vraiment la peine ?

Certains pourront me reprocher de tenir un discours facile pour quelqu'un qui est dans une situation plus confortable que la plupart des guides et qui ne vit pas de ses visites. En effet. Pour autant, je suis aussi un employeur de guides et je dois gérer à la fois les exigences du client et celles du guide (et croyez-moi, certains en ont beaucoup !). Exercice difficile lorsqu'on sait que de la satisfaction du client dépendra notre activité... Il est aisé d'être tenté de dire oui à tout. Mais parfois il faut savoir dire non. Et en disant non, on gagne la confiance du client, on se met sur un pied d'égalité avec lui. Et il devient ainsi beaucoup plus facile de négocier... Pas évident, je vous l'accorde. Irréel ? Pas tant que ça... Tout est question d'équilibre.

Et j'insiste : par expérience, je sais que lorsqu'on est bon dans ce qu'on fait, on peut se permettre d'être exigeant. Soyez-le ! C'est un gage de qualité !

Oups, désolé, je me suis laissé emporter, je ne pensais pas en écrire autant...

Pour mon cas personnel, je peux maintenant me permettre de refuser certaines prestations quand je n'ai pas envie de les faire, soit parce que la date ne me convient pas, soit parce que le programme ne me plait pas.

Depuis toujours j'ai refusé de travailler, même quand j'en avais vraiment besoin, le jour de l'anniversaire des mes enfants et le jour de Noël.

J'ai bossé en tant que "guide favorite" pour une agence pendant 5 ans, et un jour parce que le visite vendue n'était pas appropriée pour un type de clientèle (un village avec de nombreux escalier + un musée avec accès difficile par un chemin en pente pour des vieux américians avec des cannes !), et que les clients se sont plaints du tour, pas de la guide ! On m'a tout mis sur le dos et plus rappelée ! C'était à l'époque mon principal employeur !

Mais bon d'autres m'ont toujours fait confiance et finalement des années après, je retravaille pour cette agence, et cette année ils ont été mon 2e employeur !

Comme quoi, rien n'est jamais perdu, ni acquis !

Personnellement, dans l'OT où j'ai bossé 8 ans, la chef du service réservation avait ses chouchoutes : les lèches bottes et celles qui ne refusaient jamais de bosser dans n'importe quelles conditions (et tant pis pour le touriste si la visite est pourrie). Les compétences ou les sujets qu'on maîtrisait le mieux n'étaient jamais pris en compte. Du coup, comme je refusais de faire des visites certains jours ( pour des raisons même pas valables comme de passer des examens universitaires) je me retrouvais avec des visites quand il n'y avait personne d'autre pour les faire.
Dans un OT où il y a une vingtaine de guides - renforcée l'été par des personnes bombardées guides sur simple demande, même sans autre qualification ou formation d'avoir suivi une ou deux visites -, je ne travaillais pas souvent.

Le plus beau : j'avais bossé comme une dingue sur un quartier que personne ne faisait visiter et j'avais fait une visite à un groupe dans lequel il y avait une GIN qui venait faire des visites de temps en temps dans la ville en ayant à peine préparé (du genre alle montrait une maison où il y avait une coquille en disant que c'était un hôtel de pélerinage alors que c'était un modillon qui avait été récupéré sur l'église voisine, détruite, et reposé sur la maison au 19e siècle). Et bien devinez à qui l'OT avait demandé de faire la seule visite payante de l'année sur ce quartier?... Pas à moi bien sûr ! La fille s'est planté (ben oui sans recherches au moins bibliographiques c'est dur de faire une visite), du coup il a été considéré que l'idée de cette visite était nulle. Le directueur de l'OT qui était à cette boucherie culturelle, qui n'avait pas de compétences en tourisme et patrimoine (et qui ne les a toujours pas ce qui ne l'empêche pas de se prétendre expert) n'a même pas été capable de voir que la fille en question c'était du flan ! Et elle a continué a être la mieux servie. Cela dit elle n'était pas mauvaise comme guide, elle avait juste la flemme d'étudier le patrimoine local et s'était contenté d'un pseudo guide touristique des années 60 ( un peu promenade à mèmère) comme livre de chevet.

Autre expérience, d'un collègue cette fois : dans une toute petite ville d'art et d'histoire, l'OT ne travaillait qu'avec 5 GCVPAH qui se débrouillaient toujours pour dépanner quand il le fallait. Un jour l'OT a eu 7 demandes de visite au lieu de 5. Aussitôt après, il a été décidé de faire un recrutement (c'était avant la validité régionale de la carte GCVPAH) parce que, une fois dans l'année, on n'avait pas pu répondre à une demande de dernière minute. Le nombre de guides a doublé mais pas le nombre de visites, de plus, un système de privilège s'est mis en place: on a fait bosser les nouveaux plus que les autres. Résultat: les nouveaux ne veulent pas s'enquiquiner à faire des visites quand cela ne les arrange pas et les anciens ne se sacrifient plus vu la reconnaissance qu'ils en ont !

Ce qui me permet de rebondir sur l'enquête sur les métiers du guidage où il ressort que les OTSI trouvent que les guides ont du mal à s'intégrer aux équipes. CQFD : que mis à l'écart du dialogue et de la vie socio-professionnelle (pas de visite médicale, heures de réunion non rémunérées [non obligatoire mais on note votre absence...]) et méconnus de leurs employeurs ainsi que leur métier (décisions unilatérales des dir. d'OT...).